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Détail de la contribution

Auteur: Pierre-Yves TESTENOIRE

Titre:
Ce que les théories du discours doivent à Saussure


Abstract/Résumé: Les théories modernes du discours s’élaborent, à partir des années 60, dans une volonté de dépassement du structuralisme et du fonctionnalisme linguistique. La notion plurivoque de « discours » se conçoit alors comme une modalité d’intégration dans les sciences du langage des extérieurs de la langue face à la clôture du système attribuée aux linguistiques d’inspiration saussurienne. Parallèlement s’est opérée, ces cinquante dernières années, une réévaluation progressive de la dimension discursive de la pensée saussurienne. La publication des manuscrits de la linguistique générale ainsi que des travaux sur les anagrammes et les légendes ont contribué à dissiper l’image d’un formalisme idéel véhiculé par le Cours de Linguistique Générale. La réévaluation récente d’une « note sur le discours » connue pourtant depuis une quarantaine d’années illustre cette tendance. Les travaux longtemps tenus pour périphériques – anagrammes et légendes – sont actuellement parfois interprétés comme les lieux de la réflexion sur la discursivité ou sur la textualité qui dessineraient les linéaments d’une linguistique de la parole complémentaire à la linguistique de la langue exposée dans l’enseignement de linguistique générale. L’ambition de cette communication est d’analyser, indépendamment des chapelles et des enjeux de légitimation disciplinaire, ce que la notion de « discours », entendue au sens large, doit à Saussure. Ce projet articulera une double perspective : dans une démarche historiographique, on étudiera les modalités de la réception de l’œuvre saussurienne selon le prisme discursif ; dans une démarche philologique, on effectuera un retour à l’œuvre manuscrite de Saussure. En précisant le contexte historique et les enjeux scientifiques de textes souvent invoqués – anagrammes, rapport sur la création d’une chaire de stylistique, note sur le discours –, on tâchera de cerner l’acception du concept de « discours » dans ses écrits, et son articulation avec le couple notionnel langue/parole, tardif dans l’itinéraire intellectuel du linguiste.