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Detail of contribution

Auteur: Anne-Gaëlle TOUTAIN

Titre:
Système, structure et langage


Abstract/Résumé: Cette communication se propose, à partir d’une analyse comparée des œuvres de Saussure, Hjelmslev, Jakobson, Martinet et Benveniste, de montrer la différence fondamentale de problématique qui, en dépit d’une filiation revendiquée, sépare la théorie saussurienne de celle du structuralisme européen, ainsi que les enjeux pour la linguistique, et plus largement pour les sciences de l’humain, d’une telle différence de problématique. Il s’agira plus particulièrement de s’interroger sur les enjeux de la notion structuraliste de structure (par opposition au concept saussurien de système) pour les recherches relatives à l’être humain comme être parlant et ainsi, par contrecoup, de tenter de mettre en exergue l’apport saussurien à ces recherches, qu’il s’agisse du langage au sens de la psychanalyse, de ce que l’on appelle la cognition ou des recherches qui sont conduites sous le nom de neurolinguistique. Nous montrerons ainsi que là où la notion de structure, liée à une problématique analytique présupposant une définition de la langue (la définition de la langue comme instrument de communication), et dès lors a- ou contre-théorique, détermine la construction d’un objet total et continu, dont nous voudrions alors faire apparaître le caractère imaginaire, la théorisation saussurienne de la langue, qui répond quant à elle à une problématique étiologique, impose la distinction de quatre objets distincts : langue, idiome, langage (locuteur) et « neurolangue », et par là même une totale réorganisation du champ des sciences de l’homme comme être parlant, fondée sur la reconnaissance d’une discontinuité radicale entre ces différents objets, dont l’articulation devra dès lors être conçue de tout autre manière que dans le cadre de ce support présupposé – avant que construit – par les différentes élaborations structuralistes qu’est le langage comme objet total et continu. De ce point de vue, et dans une perspective à la fois historique et épistémologique, l’apport saussurien est en quelque sorte double : apport théorique que les textes de Saussure, notes d’étudiants ou notes autographes, font paraître, mais dont la lecture de certains passages du Cours de linguistique générale, et surtout, par ses mésinterprétations et mécompréhensions et par les impasses auxquelles elle a conduit, l’appropriation structuraliste, permettent de prendre une mesure peut-être insoupçonnée de Saussure lui-même.