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Detail of contribution

Auteur: Roberto PATERNOSTRO

Titre:
Le « français parisien multiculturel » : aspects socio-phonétiques et questions méthodologiques


Abstract/Résumé: Le « français parisien », modèle de référence indiscutable, suppose, outre un monolinguisme diffusé, une homogénéité des formes et des usages qui ne tient pas compte du plurilinguisme propre aux grandes villes ni de la force d’attraction que Paris exerce depuis l’ère industrielle sur les migrants de différentes origines. La configuration géo-sociale de la capitale française, idéalement distribuée autour d’un centre, ne peut pas en effet négliger l’existence d’une périphérie qui, loin d’être statique et marginale, s’avère plus dynamique qu’elle ne l’apparaît. C’est de ce dynamisme que témoigne la vitalité du français « populaire », qui n’a jamais cessé d’exister et qui continue aujourd’hui sous différentes formes, notamment à travers la « langue des jeunes », qui en constitue une facette particulièrement créative. Une caractérisation d’ordre pragmatique du français standard montre ses accointances avec la « distance » telle que définie par Koch & Oesterreicher (2001). Cette forme de langue est en effet pertinemment sélectionnée lorsque les locuteurs interagissent sans appui partagé sur un ensemble de savoirs et d’expériences. Les interactions entre jeunes apparaissent en contraste, étant avant tout une expression de proximité communicationnelle. Ainsi conçue, la « langue des jeunes » ne serait plus question d’opposition entre standard et non-standard mais une forme « actualisée » dans la proximité. À partir de données authentiques recueillies dans le cadre du projet franco-britannique « Multicultural London English - Multicultural Paris French » (www.mle-mpf.fr), nous chercherons à comprendre ce qui se joue au niveau phonétique, lorsque des locuteurs interagissent de façon spontanée dans un cadre de « proximité » communicationnelle. Notre étude portera sur la réalisation d’un contour prosodique final montant-descendant, se caractérisant par une importante montée mélodique et une chute abrupte de la fréquence du fondamental (F0). Ce phénomène est en général considéré comme un marqueur représentatif de l’accent des « jeunes ». Nous nous appuierons sur l’analyse comparative de données tirées d’une part d’entretiens « classiques », où l’expression d’une certaine connivence peut être limitée par une relation enquêteur/informateur, et de l’autre d’enregistrements « écologiques » entre pairs, supposés favoriser la proximité communicationnelle. Nous essaierons de voir s’il existe une différence dans l’usage de ce marqueur prosodique dans les deux types de discours, et nous nous interrogerons sur les significations sociales et identitaires véhiculées.