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Detail of contribution

Auteur: Emanuele FADDA

Titre:
L. J. Prieto, ou le dernier sémiologue structurel


Abstract/Résumé: Il n'y a que trois savants qui aient essayé de répondre au vœu saussurien d'une sémiologie d'une façon systématique (et, ici, 'système' indique d'abord la création d'un lexique-jargon de termes interdéfinis), avec des fortunes très différentes: ils sont L. T. Hjelmslev (souvent cité, mais en n'étant étudié vraiment que par les spécialistes), A. J. Greimas (qui est à l'origine d'un courant d'études répandu et fécond, majoritaire parmi les sémioticiens post-saussuriens) et L. J. Prieto (dont les dernières idées demeurent presqu'inconnues aujourd'hui). Ce dernier, comme on sait, est aussi le dernier titulaire de la chaire de Saussure à Genève. Mais peut-on dire qu'il est un représentant à bon titre de l'Ecole de Genève ? Oui et non. Si l'on parcourt la liste des sujets suggérés comme base pour une comparaison avec Saussure, on les retrouve presque tous chez Prieto. Mais l'insertion de celui-ci dans une ligne directe qui découle de Saussure en passant par Bally, Sechehaye, Frei et d'autres ne serait pas aussi facile. Cependant, tout en se réclamant des racines du structuralisme (Saussure, Trubetzkoij, Hjelmslev), Prieto, il dialogue aussi avec d'autres traditions (ce qui est le cas pourtant aussi d'Hjelmslev et Greimas), et avant tout avec la philosophie analytique, dont il est affine sous plusieurs aspects, même au delà de son conscient (cf. Fadda : sous presse). Mais c'est justement en n'étant pas qu'un interprète de Saussure (tout comme Hjelmslev ou Greimas) que Prieto a pu construire sa sémiologie (qu'il faudrait pourtant offrir à la connaissance du grand publique), et a élevé (bien que ses comportements n'aient pas permis la naissance d'une école) une génération de chercheurs saussuriens qui est à la base de la renaissance saussurienne actuelle, et qui est engagée (et a engagé ses propres élèves) dans les projets sur Saussure qui animent la scène intellectuelle d'aujourd'hui. On pourrait dire donc que, au moins pour certaines aspects, Prieto est à Genève ce que Hjelmslev est à Copenhague et Greimas à Paris, avec la différence que, en passant par Prieto, c'est bien plus facile retourner à Saussure et à son défi d'une sémiologie comme science de l'humain à partir de la linguistique (et des langues). Est-ce que ça suffit à lui donner le brevet de « genevoisité » ?